Illustration Article-3 images-Et Hop.jpg

« L’avenir n’est plus ce qu’il était.» P. Valery
Re-créons-le ensemble !

Souhaitez-vous un retour à la normale ou à l’anormale ? Dans un monde, « qui a perdu le sens de la mesure et de l’équilibre » pour reprendre les mots de Bertrand Picard (Solar Impulse),  la crise est venue réveiller des interrogations plus profondes, où peurs et espoirs se mélangent. Comment redémarrer autrement ? La réponse est un chantier, dont nous sommes, chacun, à la fois les maîtres d’oeuvre et les ouvriers.

Des actes habituels devenus stressants

Qui aurait imaginé, il y a deux mois, que le télétravail s’imposerait de force pour beaucoup d’entre nous ? Aller travailler, faire ses courses, rendre visite à son médecin, se faire livrer une pizza : des actes simples et habituels qui sont soudainement sources de stress ou pour le moins de questionnement.

Le sens de la pandémie

Les appels à travailler différemment, reconnectés à des valeurs humaines sont légions . Nous observons, et parfois nous sommes très impliqués les uns et les autres, dans un élan de solidarité, de gratitude, de compassion, d’humour aussi - une excellente façon de prendre un recul nécessaire -, mais aussi d’anxiété galopante. Ne nous trompons pas, la cause première de cette anxiété n’est pas la pandémie. Elle était déjà présente avant la crise, elle est juste aggravée. Toutes les crises sont des révélateurs de qui nous sommes et sont aussi des accélérateurs, pour ceux qui veulent consciemment manifester leur humanité. Nous pourrions d’ailleurs relire l’ouvrage de Viktor Frankl, « Découvrir un sens à sa vie » à la lumière des évènements actuels, où le dévouement co-vit, avec la peur et ses dérives. C’est à nous de donner le sens à ce qui nous arrive. Voulons-nous revenir à ce que nous connaissions, en équipant simplement nos hôpitaux de quelques respirateurs de plus et distribuer des masques ? Ou souhaitons-nous nous offrir l’opportunité de construire un monde plus viable sur les plans sociaux et environnementaux ? 

Nous ne pouvons pas attendre ce renouveau des autres. En réalité la seule question est : qu’est-ce que je fais pour la vie, la mienne, celle de mes proches et des autres humains, celle de la terre ? Pour ceux qui acceptent de s’écouter vraiment, de se reconnecter à ce qui les appelle au plus profond d’eux-même, il est certain que la crise permettra de ne pas ou plus passer au large de leur existence, pour paraphraser Romain Cristofini (son ouvrage en version électronique est disponible gratuitement ici : https://www.dunod.com/sciences-humaines-et-sociales/intelligence-spirituelle-au-coeur-du-leadership).

L’après-crise devra se gérer tout autant que la crise

Dans ce contexte très particulier, loin d’être fini, nous devons apprendre à repenser la façon dont nous travaillons : quels sont les défis à relever dans les trois à six prochains mois ? Quel sera le nouveau terrain de jeu ? Comment recréer un lien sécurisant avec les clients, les collaborateurs et nos autres parties-prenantes ? Comment recréer une culture enthousiasmante quand la peur a bousculé les repères ?

Trois grands chantiers ?

Trois chantiers se profilent, dont certains occupent déjà de nombreux responsables d’organisations :

  • Retrouver au plus vite un équilibre financier

  • Réorganiser le travail selon ce nouveau contexte

  • Accompagner les ressources humaines à entrer au mieux dans ce nouveau paradigme

Où allons-nous mettre nos priorités ? La survie de nombreuses entreprises est en jeu et les moyens de garantir l’avenir financier attireront naturellement l’attention. Mais le monde a changé. Les clients et les collaborateurs ne sont plus tout à fait les mêmes, les attentes ont bougé. Les prises de conscience sont accélérées dans ces moments particuliers, autant que les réflexes de repli. C’est la raison pour laquelle nous serons amenés à gérer ces trois chantiers de front. 

Tangible + intangible

Télétravailler, réorganiser les accès, etc : nous trouverons des solutions. Nous sommes doués pour régler les problèmes concrets et tangibles. Le vrai défi va venir des sujets moins tangibles : comment construire dans la durée des relations de qualité dans un monde encore plus digital, qui donc sépare physiquement les personnes ? Comment gérer voire transformer la peur que la crise actuelle, les questions de survie et les changements de fonctionnement attisent ? 

Ce que nous mettrons en place sera facilité si nous remettons l’humain au coeur des solutions.

Résilience : remettre la vie au coeur des solutions

Aucune solution ne sera facile. Mais tout ce que nous mettrons en place sera facilité si nous remettons l’humain, et ses différentes dimensions, au coeur des solutions. C’est aussi là, l’un des sens de cette crise. Nous avons oublié de prendre soin de ce qui fait notre humanité. Comprendre, par exemple, que nous sommes tous inter-reliés, que les métiers les moins valorisés sont souvent les plus essentiels, que nous sommes la nature et que la combattre et l’utiliser, comme parfois nous le faisons aussi avec nos semblables, nous détruit nous-mêmes. 

La peur et l'anxiété sont très contagieuses et se répandent naturellement. Le calme et la sérénité se cultivent et requièrent un entraînement. Ne laissons pas en friche les bases de la résilience humaine.

Frédéric Theismann

12 avril 2020

Illustration: F. Theismann