Pour certains la peur n’est pas un problème. Ils ne la connaissent pas ou, bien qu’elle soit présente, elle ne les perturbe pas. D’autres au contraire la subissent comme un fardeau qui les accompagne partout. 

Imaginez un instant de vivre sans avoir peur de ce qui pourrait arriver, 

  • sans avoir peur de la maladie, du chef ou du collègue toxique,

  • sans avoir peur de perdre votre emploi, ou de dire à l’autre ce que vous pensez ou ressentez,

  • sans avoir peur de vous exprimer devant un large public,

  • ni peur de ne pas y arriver,

  • sans avoir peur de ce que les autres vont penser …

Libéré de toute peur, vous reprenez le pouvoir de créer la vie que vous souhaitez. Sans anxiété, vous devenez moins dépendant des circonstances extérieures, fussent-elles pénibles. 

L’anxiété est normale, c’est une fonction adaptative nécessaire à la vie. En fait, nous sommes tous affectés par la peur ou l'anxiété, peu ou prou, parfois même à notre insu. Que se cache-t-il par exemple derrière une colère ou une attitude de domination ? Avec une bonne pioche, on y découvrira souvent de la peur, parfois de la tristesse. Pas toujours facile à croire ! Désormais, vous pourrez regarder votre chef, votre président ou votre conjoint en colère (ou vous-même) comme quelqu’un qui est inquiet, qui a peur que ses besoins ne soient pas satisfaits.

La peur nous rend prudents si on l’écoute, elle éveille notre attention et toutes nos cellules. Cependant, elle se pervertit lorsqu’elle nous emporte de façon excessive dans le passé, le futur ou dans un monde ‘éventuel’ toujours plus dramatique que notre présent. Beaucoup de personnes se sont accommodées de cette mécanique aliénante, mais en réalité, elles en sont prisonnières. Cette peur infecte leur corps, leur coeur et leurs pensées.

Douter, s’interroger, remettre en question les choses sont des attitudes saines, mais lorsque la peur s’en mêle, le raisonnement s’emballe et la pensée s’embrouille. « Et si je n’y arrivais pas, et si la situation était plus grave que prévue, … ». Cette peur-là, mécanique, entretient les ruminations qui elle-mêmes entretiennent la peur. D’autres fois, la peur débarque sans prévenir, même sans raison apparente, comme une vieille habitude émotionnelle installée depuis des lustres, héritées d’on ne sait où. 

“La peur est sans cause. Elle est imagination, et elle vous bloque tout comme un piquet de bois peut bloquer une porte.
Brûlez ce piquet …”

- Rumi

Transformer ces peurs malsaines et les mécanismes qui les entretiennent est un pas de géant en direction de la liberté. Pour autant, lorsqu’une de ces peurs est transformée, son éventuelle cause ne s’est pas nécessairement évaporée, mais l’énergie mobilisée par la peur est récupérée et investie là où vous le décidez. Pour avoir fait ce travail de transformation moi-même et avoir accompagné de nombreuses personnes sur ce chemin, je peux témoigner que la quantité d’énergie récupérée est bien au-delà de tout ce qu’on imagine. Celle-ci permet d’être plus créatif, plus joyeux ou serein, plus attentif et attentionné, plus empathique, moins maniaque, moins contrôlant, moins jaloux, etc. Les bénéfices sont légions et propres à chacun.e selon son histoire, sa construction personnelle.

Comment donc faire de nos peurs des alliées ?

1. Accepter 

Le chemin ne consiste pas à se libérer de LA peur, mais de transformer NOS peurs spécifiques, l’une après l’autre. La nuance est essentielle. A cet instant qu’est-ce qui m’inquiète le plus ? « J’ai peur de ne pas réussir ma prochaine présentation ». L’étape n° 1, toujours, consiste à accepter cette peur-là. Oui, j’ai peur de ne pas réussir ma présentation. Oui, cela fait partie de mes fonctionnements. Et je peux ajouter que même si, une partie de moi trouve cela stupide d’avoir peur, je peux malgré tout m’accepter comme je suis. Parce que je l’accepte, je vais pouvoir y travailler. Sans acceptation, je risque, au contraire, de refouler ou d’être en conflit avec moi-même, créant, de fait, une fuite d’énergie vitale. 

2. Devenir conscient de la manière dont se manifeste cette peur

J’observe un peu plus les manifestations physiques de cette peur pour moi. Par exemple, je ressens une tension dans le ventre, j’ai la gorge serrée, j’ai les mains moites. Je prends note, simplement et rapidement, de ces symptômes. 

3. Focaliser son attention sur la respiration

Je me concentre sur ma respiration, en y mettant toute mon attention. J’inspire et j’expire par le nez. Je ressens, de seconde en seconde, l’air qui entre par les narines, qui gonfle la cage thoracique et ressort réchauffé. Je suis simplement attentif à ce mouvement, sans pression, sans aucune volonté de résultat.

Parfois, déjà à ce stade, le niveau de peur ou d’anxiété a diminué. Respirer est si bon pour tout notre être que s’il était possible d’en condenser tous les bienfaits dans une gélule, elle serait un bestseller mondial.

4. Observer et décoder

Après la respiration, il est toujours intéressant d’observer ce qui a pu déclencher la peur.

Suis-je vraiment face à un danger ? De quoi ai-je besoin pour faire face à la situation ? Une croyance limitante soutient-elle cette peur ? Par exemple, une croyance courante consiste à penser que « le monde est dangereux » ou, en lien avec l’exemple de la présentation à réaliser, « il y aura forcément quelqu’un qui posera une question à laquelle je ne pourrai pas répondre ». Cette croyance, parfois vérifiée, mais souvent fausse, peut être remplacée par une autre croyance libérante « le monde me veut du bien » ou « les questions posées permettront d’approfondir le sujet de ma présentation » ou encore « j’ai les moyens de réussir ma présentation », etc.  Il ne s’agit pas d’utiliser une pensée positive naïve mais de poser ici une croyance qui s’avère plus adéquate, plus aidante que la croyance limitante.

Par ce simple protocole en 4 étapes, vous pourrez déjà désamorcer plusieurs peurs. Nous aurions pu ajouter un 5ème point : Pratiquer la méditation s’avère être un travail de fond essentiel, même quelques minutes par jour. Elle améliore la conscience de soi, une conscience directe, qui renforcera vos capacités à pratiquer les 4 étapes proposées. 

Il est possible d’aller plus loin, et certaines peurs requièrent un travail plus pointu encore. Les techniques pour se libérer de la peur sont nombreuses. Vous en avez ici un micro aperçu. Ce n’est pas tant la technique qui importe, c’est votre pratique, aussi simple soit-elle. Ne vous découragez pas, les meilleures choses demandent un peu de temps. 

Un dernier conseil

Nous cherchons souvent à fuir notre inconfort intérieur en trouvant des solutions à l’extérieur. Dans l’exemple de la présentation, il serait peut-être rassurant de trouver des alliés qui vont me soutenir, ou d’investir du temps dans la rédaction d’un document ou d’autres choses encore. Même si ces éléments peuvent aider, ils n’empêchent pas la peur. Le travail de transformation est un travail intérieur. Eliminer votre chef toxique n’enlèvera pas votre peur. Le fonctionnement qui sous-tend la peur restera actif, et, demain, un autre chef prendra la place du précédent et l’histoire se répètera. Mieux vaut utiliser cette situation pour faire face à vous-même et dépasser cette peur. C’est le prix, peu cher payé, de la vraie liberté.

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Et pour aller un pas plus loin

Comment désinstaller votre app « master of anxiety » ?

Si vous êtes doué pour créer un état d’anxiété, sachez que vous n’êtes pas né avec ce don. Il s’est installé ou vous l’avez hérité de vos parents ou éducateurs, par mimétisme. Vous êtes doué pour imaginer un futur désastreux, le pire possible ? Bonne nouvelle. Vous pouvez désormais utiliser cette compétence pour imaginer le meilleur futur possible. Pour cela, il faudra volontairement interrompre vos monologues intérieurs : STOP, arrêt sur image, observez comme dans l’étape 2 (de l’article ci-dessus) et acceptez ce que vous observez. Puis utilisez vos dons pour imaginer le futur que vous souhaitez vraiment, aussi simple soit-il, mais mettez-y des détails concrets. Essayez d’imaginer comment les personnes présentes dans votre scénario se comportent, comment elles sont habillées, quel est le décor, etc. Amusez-vous, jouez, mais faites-le consciemment et volontairement. Le but est de remplacer la rumination automatique par une pensée dirigée. Au début, ça demande un peu de persévérance. En quelques semaines, la pratique devient presque naturelle. 

Frédéric Theismann